15 heures, une alarme sur un ordinateur sonna dans l’appartement silencieux de Matthew. Non, il n’était pas en train de lire, ni sortit chez lui : il dormait, tout simplement. Et s’il y avait bien une chose qu’il détestait, c’était d’être réveillé inopinément par un inconnu. Bon, d’un côté vous vous demandez certainement pourquoi quelqu’un laisserait son ordinateur allumé avec le volume à fond ? Tout simplement parce qu’il n’y avait que par celui-ci que Matthew recevait ses contrats. Alors non : ce n’est pas un tueur en série ni un mafieux, juste un reporter qui aime la confidentialité. Alors pour le contacter, un seul moyen : une étrange adresse mail dont personne ne connait le destinataire. Bref.

En réponse à cet appel incessant en provenance de l’outil informatique, un grognement se fit entendre au travers de l’immense appartement. Le soleil était toujours présent, et il n’y avait rien de pire pour le vampire qui refusait aujourd'hui de mettre un orteil dehors tant que cet astre omniprésent ne s’était pas décidé à se coucher. Bon, ok. Lorsqu’un deuxième mail arriva, Matthew se décida tout de même à sortir de cette couette si paisible qui était son refuge la journée. Simplement vêtu d’un bas de pyjama, le vampire faisait peur à voir. Une barbe de 5 jours avait pris place sur son visage, et ses cheveux étaient tellement débraillés qu’il se demandait encore comment il ferait pour en refaire quelque chose. Comment en était-il arrivé là ? Oh… Simplement une immense envie de ne voir personne. Ca lui arrivait assez souvent en fait. Arrivé à son bureau où photos et documents se superposés dans toute la pièce, il s’assit sur le fauteuil et consulta les deux mails qui lui étaient destinés. Ne parvenant pas à les lire le premier coup, maudit soleil, il attrapa la paire de lunettes qui trainaient sur le bureau et les déposa sur son nez…

« Contrat – reportage photo & support papier. Conférence 17h15 - librairie centrale – LV Centre Commercial. Photos & Interview de Sam Monroe, nouvel auteur. 1.500 $. Las Vegas Post. »

Non, les messages qu’il recevait n’étaient jamais plus complets que ça. Mais dans l’immédiat, ce n’était pas vraiment le manque de politesse et de « je vous salue », mais plutôt le travail qu’il y avait à faire. Interview d’un auteur ? Un petit tour sur le net lui en apprendrait plus sur lui, et rapidement Matthew se rendit compte qu’il – enfin elle – était ce genre de romancière qu’il n’appréciait pas vraiment. C’est alors tout naturellement que les premiers mots qu’il tapa pour répondre à cette offre furent négatifs. Mais finalement, il se retint assez rapidement. Ces derniers temps étaient plutôt calmes, donc le journaliste avait put envoyer peu d’articles… Il fallait alors faire une rentrée d’argent ! Surtout que le prix qu’on lui proposait était très intéressant pour un banal reportage. Le LV Post devait certainement se douter que seul cette somme d’argent l’intéresserait. En toute logique, ses excellents reportages – parce que oui, ils l’étaient toujours – valaient bien plus. Après avoir corrigé ses quelques mots afin d’accepter le contrat, il se rendit compte que la conférence allait avoir lieu à l’autre bout de la ville. Il fallait alors se trouver un peu plus décent, et cela commença par une douche. Non pas que Matthew ne s’était pas doucher depuis des jours, mais un réveil était toujours plus agréable lorsqu’il commençait par une bonne et longue douche. Après cela, il fallait choisir les vêtements. Ah… Non… Après cela, il fallait se nourrir. D’ailleurs, il était surprenant que le vampire n’y ait pas pensé plus tôt. Qu’à cela ne tienne, le frigo fut rapidement cambriolé et une bouteille à l’étrange breuvage disparu. Cette si délicieuse boisson versée dans un verre, Matthew en avala de longues gorgées jusqu’à terminer le verre. « Verre plein j’te vide, verre vide j’te plains… » Le second verre rempli, la bouteille reprit place dans le frigo, et la boisson accompagna l’homme jusqu’à sa chambre. Maintenant, il était temps de choisir ses vêtements. Quoi que choisir… Le choix fut vite fait. Un t-shirt noir, un jean et de simples mocassins noirs feront l’affaire. De retour dans la salle de bain, les cheveux du vampire fut enfin domptés, mais la « barbe » restera présente : ni le temps, ni l’envie n’étaient là pour convaincre.

Il était désormais temps de préparer ses affaires. Hum… Prenons un temps de réflexion et surtout d’explications… Non, Matthew n’est pas une femme, même s’il lui faut autant de temps pour se préparer. Parenthèse fermée, reprenons. Le vampire attrapa sa besace dans laquelle il plaça carnet, stylo, paire de lunettes afin d’avoir les solaires sur le nez, carte de journalisme et autres papiers, mais aussi son appareil photo après avoir choisis parmi les nombreux présents dans son bureau. Maintenant, il était près à partir. Clefs en main, il était enfin parti aux garages pour embarquer dans sa voiture.

17 heures, Matthew était arrivé au centre commercial. Forcément, pour ne voir personne, c’est loupé. Après avoir échangé solaires contre lunettes de vue – élément indispensable en journée pour le vampire – il plaça sa besace en bandoulière, et se prépara à affronter la foule de Vegas. Direction le 4e étage pour la librairie où de nombreuses personnes étaient présentes. Ok… Où une foule était présente. Depuis quand un jeune auteur avait autant de succès ? Par chance, sa carte de journalisme lui donnaient quelques entrées, notamment d’être installé avec ses collègues qui ne semblaient pas le connaitre. L’anonymat, quelle bonne chose…

La conférence se déroula d’une banalité des plus complètes. Présentation, lecture, questions… Bien que Matthew semblait studieux – photos, notes – il n’appréciait pas spécialement. Mais le professionnalisme étant ce qu’il est, l’homme restait sérieux et ne perdait pas une miette afin de rendre un reportage sans erreur. Alors pourquoi ne posait-il pas de question comme tous ces énergumènes qui agressaient de questions la jeune femme ? La réponse se trouve dans la question… Non ? Une fois la présentation terminée, la foule venue découvrir le nouvel ouvrage se retira du magasin. De nouveaux fans étaient nés, ce certainement pour le plus grand bonheur de l’auteur. Finalement, il ne resta plus que lui et Sam. Pourquoi ? Excellente question. Lui-même ne savait pas pourquoi il était resté. Peut-être voulait-il devenir rapace afin de mettre un peu de piment dans son interview ? Non, ce n’était pas son genre. Les scoops venaient à lui, ce n’était pas lui qui les provoquaient. Matt glissa son calepin et stylo dans son sac, et s’approcha de la jeune femme.

- Mademoiselle Monroe ? Matthew Collins, du Las Vegas Community. M’accorderiez-vous deux-trois questions supplémentaires ?

Matthew afficha un sourire sincère malgré les deux mensonges qu’il venait de balancer d’un naturel hors pair. Il avait l’habitude de mentir sur son identité qui changeait si souvent, alors c’était devenu un jeu d’enfant. Pourquoi ne pas avoir dis qu’il venait du LV Post ? Allons… Vous vous verriez, vous, expliquer à quelqu’un pourquoi la personne qui a écrit l’article que vous disiez avec écrit sous le nom de B. Rose ? Sérieusement, restons logiques. C’est ainsi que Matthew attendit la réponse de la jeune femme.

Il hocha la tête en signe d'acquiescement, et rajouta quelques mots.

« Il y a un café en face. J’espère que vous me laisserez vous offrir un verre ! »

Je n'eus pas le temps de dire quoique ce soit qu'il se dirigeait vers la sortie de la librairie. Cela me faisait bien sûr plaisir qu'il m'offre un verre mais je ne voulais pas profiter de la gentillesse de ce jeune homme. Il fonça rapidement vers la sortie, il était vraiment pressé de sortir cela n'était pas étonnant moi aussi j'étais pressée de m'enfuir de cet endroit. De fuir surtout les "fans" qui restaient plantés-là. Et autant pour moi je préfère les éviter pour le moment, non contente de la petite notoriété que je risquais peut-être d'atteindre mais là ce n'était certainement pas le moment, et ce cher Matthew ne voudrait pas non plus que je sois assaillis par des gens déchaînés. Quoi de plus normal après tout quand il essaie de sortir au plus vite d'ici.

On se dirigeait vers le café juste en face et on trouva une table directement, la foule étaient dispersées sur les nombreux étages que comportait le centre commerciale et heureusement d'ailleurs. Le serveur arriva et pris nos commandes, pour Matthew un simple café et pour moi un thé citron, il ne faisait pas froid dehors mais c'est ce qui me permet de tenir une journée complète : le thé. Non je ne suis pas une adepte de tout ces trucs avec de l'encens et tout le patatras, j'aime juste le thé.

Il s'installa convenablement sur sa chaise et me fixa avant de prendre la parole.

« Vous venez tout juste d’arriver à Las Vegas ? Ca doit certainement être épuisant de parcourir le pays pour présenter un livre, non ? »

"Matthew Collins c'est ça ? Vous savez ça me rappelle une de ces anciennes séries ... comment déjà ? Ah oui Docteur Quinn, un des protagonistes avait les mêmes nom et prénoms que vous. Oups désolée je m'égare un peu et je ne réponds pas du tout à votre question."

Je lui fit mon plus beau sourire pour me faire pardonner avant de répondre à sa question.

"Oui c'est vrai que je viens à peine d'arriver. C'est aussi vrai que c'est épuisant de devoir parcourir tout le pays mais ce n'est que le début, après je crois bien qu'au bout d'un moment on est habitué non ?"

Bien sûr que c'est super épuisant de parcourir tout le pays pour promouvoir un bouquin écrit en peu de temps par rapport à ce que je vivais depuis l'arrivée des vampires sur terre. Mais ce n'est pas aussi épuisant de devoir chasser démons et vampires jour et nuit, enfin surtout nuit ! Mais ça je ne pouvais quand même pas lui raconter, il me prendrait pour une barjot sortie tout droit d'un asile de fous. Je continuais de regarder le jeune journaliste, j'avais cette fois-ci répondue à sa question, est-ce que j'avais le droit de lui en poser une moi aussi ? Je ne crois pas qu'une personne interviewée aurait le droit mais je dois avouer que j'ai le culot pour faire quelque chose ainsi.

Tout en continuant de le regarder je sirotais mon thé à présent tiède, ce qui me convenait parfaitement. Tic tac, tic tac, faisait l'horloge derrière moi, je me retournais et regardait l'heure je n'avais pas de rendez-vous mais je voulais me tenir informée de l'heure qu'il était. J'ose ? J'ose pas ? Aller !

"Monsieur Collins ça fait combien de temps que vous faites ce travail ? Parce que sans vouloir vous vexer vous me paraissez plutôt jeune pour un journaliste."

Je buvais une autre gorgée de mon thé et le regarda de nouveau attendant une réponse et certainement une autre question me concernant.